L’épopée des « job boards » prend fin en Suisse

Ce matin du 12 septembre 2012, une nouvelle est tombée qui fait partie de ces nouvelles suffisamment rares pour être relevées!

 » Tamedia et Ringier planifient le rachat de jobs.ch « 

Un rachat comme un autre, direz-vous. Vraiment?

– Ce « deal » ne crée-t-il pas un monopole? sur le marché en ligne en tous les cas?
– Le recuteur y trouvera-t-il sont compte? et le candidat?
– Et, ce rachat, n’est-il pas l’acte final d’une épopée glorieuse?
– Quelle est la prochaine que le futur nous réserve ?

Tout d’abord, il faut noter la « prudence » de la phrase: on ne rachète pas, on planifie…

Et pourtant, on l’annonce haut et fort. Sans doute, que cette prudence répond aux six mois que la Comco se donne avant de valider le deal. En effet, si l’on sait que Tamedia est, depuis la fusion avec Edipresse en 2010, propriétaire du portail jobup.ch – qu’Edipresse avait racheté fin 2004 à son fondateur Wouter van der Lelij-, on voit poindre le monopole que constitue Jobup et Jobs dans le paysage suisse (en particulier romand). Le deal sera surement sauver face à la Comco, d’une côté par la disparité des médias print, et de l’autre, par le développement du recrutement sur les médias sociaux – ironie du sort -, qui devient une « alternative » à la bourse d’emploi, pour les recruteurs et les candidats, si l’on considère le marché dans sa globalité. Même si aujourd’hui, le nouvel équilibre, « annonce emploi print + bourse en ligne » d’une part, réseaux sociaux d’autre part, penche clairement en faveur du premier.

Si le rachat est autorisé, au-delà de la concentration, c’est surtout le dernier acte de l’épopée des bourses d’emploi en Suisse: la consolidation finale du marché. En effet, finalement, ce n’est qu’un « juste retour des choses » : les éditeurs « traditionnels » contrôleront maintenant la majorité des bourses d’emploi en ligne significatives en Suisse – jobs.ch, jobup.ch, jobwinner.ch, topjobs.ch – , un business qu’ils avaient « laissé filer », il y a 10 ans. Ne reste face à eux que Monster.ch, en perte de vitesse constante, et jobscout.ch…

Fi de ces considérations – plus intéressantes pour les experts, investisseurs et autres stratèges -, qu’en est-il du client: le recruteur?

Jobs.ch & Jobup.ch: est-ce que je n’aurai plus qu’un fournisseur pour la publication de mes offres d’emploi?

Rien n’est moins sûr, Tamedia prendra-t-il le risque de fusionner des marques à la notoriété, au postionnement différents? Ringier, actionnaire à 50% sera-t-il prêt de voir jobs.ch fusionné avec jobup.ch dont Ringier n’est pas actionnaire?
De plus, les recruteurs sont aujourd’hui à la recherche de segmentation du sourcing; ils seront peut-être plus intéressés à répartir leurs annonces sur diverses plateformes.

Comment vont évoluer les prix?

Dans ce nouveau paysage, la concurrence entres bourse d’emploi, et entre « online » et « offline » s’amenuise. On pourrait s’attendre à une augmentation des coûts de publication. Difficile de dire ce que les éditeurs décideront, mais avec des revenus publicitaires en chute depuis plusieurs années, l’occasion de redéfinir les règles avec une position aussi forte dans le paysage « online » sera tentante. Avec l’argument que le recruteur qui publiait sur les deux plateformes pourraient payer deux fois plus sur une seule…
Une certitude: la valse des renouvellement des abonnements annuels en fin d’année va être une période délicate pour les vendeurs des deux plateformes; difficile de gérer un esprit de « concurrence » envers des « collègues » face à un recruteur.

Et le chercheur d’emploi dans tout ça?

En l’état pas de changement pour lui: deux marques; des offres que l’on trouve ici ou là-bas, selon. Il est clair que si les deux sites ne devaient en former plus qu’un le candidat trouvera 90% des annonces sur une seule plateforme.

Fin d’une épopée… début d’une nouvelle ère?

Il n’a y pas de hasard. Au moment où l’épopée des bourses d’emploi prend fin, avec cette stabilisation, se généralise déjà le prochain défi: les Médias Sociaux.

Alors que les canaux devenus « traditionnels » pourraient se raréfier, de nouveaux canaux s’ouvrent. Partageant les mêmes territoires que les bourses d’emploi, ces nouveaux médias se montre bien plus complexes à l’utilisation en entreprise, bien plus différents des bourses d’emploi, qu’elles ne furent elles-mêmes différentes du cahier emploi papier.
Alors que les médias traditionnels, « print » et « online », se sont établis et s’adressent très bien aux chercheurs actifs, les médias sociaux offrent des possibilités infinies de recrutement par cooptation, par les réseaux des collaborateurs, dans un processus plus relationnel que transactionnel.

Nul doute que les recruteurs aurons de nouveaux défis dans cette nouvelle ère… et bravo à tous ceux qui 15 ans durant ont donné leurs lettres de noblesse aux bourses d’emploi (ils se reconnaitront 😉

About Manoo Olivier A. Maillard

Facteur d'Innov@tion, Conseiller en Digital Commerce et Social Media, Formateur et Coach Formateur de Tog Chöd et thérapeute
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